- créole
-
• 1670; altér. de criolle, criollo, a 1643; esp. criollo, du port. crioulo « serviteur nourri dans la maison », de criar « nourrir »1 ♦ Personne de race blanche, née dans les colonies intertropicales, notamment les Antilles (⇒ béké). Un, une créole. — Adj. Un planteur créole.2 ♦ Adj. Des pays tropicaux à colonisation blanche et esclavage noir. Pays créole. Parlers créoles.♢ N. f. ou adj. Riz (à la) créole : cuit à l'eau, séché et accompagné soit de fruits, soit de poivrons et de tomates.3 ♦ N. m. Ling. Système linguistique mixte provenant du contact du français, de l'espagnol, du portugais, de l'anglais, du néerlandais avec des langues indigènes ou importées (Antilles) et devenu langue maternelle d'une communauté. Créole, pidgin, sabir. Le créole d'Haïti, de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion, à base française. Les créoles anglais de la Jamaïque, de la Barbade. Créole portugais de Guinée-Bissau. Parler, apprendre le créole. Grammaire du créole mauricien. Conte en créole. — Adj. Locutions créoles. Vocabulaire créole.4 ♦ N. f. Grand anneau d'oreille. Une paire de créoles en or.créoleadj. et n.rI./r adj.d1./d Se dit d'une personne de race blanche née dans une des anciennes colonies des régions tropicales.— (Louisiane) (Surtout en parlant du passé.) Personne de race blanche et d'origine française ou espagnole.d2./d (Maurice) Métis.— (Réunion) Réunionais(e), quelles que soient ses origines.d3./d Se dit d'une personne de langue maternelle créole.|| (Antilles fr., Louisiane, oc. Indien) Se dit de tout ce qui relève de la culture créole. Case créole, cuisine créole, style créole, verger créole.|| Loc. adv. CUIS Riz (à la) créole, cuit dans beaucoup d'eau puis séché au four.rII./rd1./d n. m. LING Langue issue d'une langue européenne, dans un territoire occupé par des Européens (Amérique, Afrique, océan Indien, Pacifique, Asie), à la faveur de l'éloignement, de la norme linguistique du pays d'origine et grâce aux contacts entre populations multilingues (en partic. du fait de la traite des esclaves), et devenue la langue maternelle des habitants de ce territoire ou de certains d'entre eux.|| adj. Le parler créole de la Martinique, de l'île Maurice.d2./d n. f. Boucle d'oreille composée d'un anneau.Encycl. Ling. - Des créoles français sont parlés aux Antilles (Haïti, Guadeloupe, Martinique, Sainte-Lucie, Dominique), en Guyane, en Louisiane et dans l'océan Indien (Réunion, Maurice, Seychelles). Des créoles à bases anglaise (Sierra Leone, Gambie, Nigeria...), portugaise (îles du Cap-Vert, Guinée-Bissau, Casamance au Sénégal, São Tomé et Principe...), espagnole, arabe, néerlandaise, etc., existent de par le monde. Un créole est une langue parlée à titre de langue maternelle par une communauté linguistique dont les ancêtres ont généralement subi des déplacements importants, qui les ont éloignés de leur langue d'origine. Les langues créoles sont donc nées dans des régions étrangères aux populations qui les ont créées. Leur genèse s'est faite à l'époque de l'expansion coloniale européenne, généralement dans les plantations. Bien qu'étant des langues à part entière, les créoles sont souvent dotés d'un statut inférieur à celui d'une langue de prestige. C'est le cas aux Antilles, où le créole est considéré comme un "patois" du français. Les divers créoles français n'ont pas le même éloignement par rapport au français. On constate un degré minimal de divergence pour le réunionnais (océan Indien), alors que le haïtien (Antilles) est devenu, au cours de son histoire, de plus en plus autonome. Le réunionnais a conservé certaines particularités morphologiques du verbe français (ex.: m i kour "je cours"; mwen la kouri "j'ai couru"), alors qu'en haïtien, le verbe est invariable et reçoit seulement des particules verbales antéposées (ex.: m ap kouri "je suis en train de courir"; m kouri "j'ai couru"; m te kouri "j'avais couru"). Lors de la genèse des créoles antillais (français et anglais), diverses vagues de migrations africaines, ayant pu avoir successivement une influence dominante, ont modifié le lexique et la syntaxe créoles. Il faut aussi retenir que le premier peuplement européen important (XVIIe s.) des territoires où sont nés des créoles français provenait de régions de France où les divisions dialectales étaient très marquées et où les usages linguistiques étaient notablement éloignés de ce qui est devenu le français standard. V. créolité.⇒CRÉOLE, adj. et subst.A.— 1. (Personne) qui est de race blanche, d'ascendance européenne, originaire des plus anciennes colonies d'outre-mer. Planteur créole, populations créoles; un créole, une créole. Les hommes de couleur (...) domineront un jour la race amollie des créoles (A. FRANCE, Pierre bl., 1905, p. 223).— P. ext. Nègre, noir créole. Né dans les colonies (et non en Afrique). Les noirs créoles [de Saint-Domingue] professaient (...) le plus profond mépris pour les nègres congos (HUGO, Bug-Jargal, 1826, p. 51).2. Spéc., ETHNOGRAPHIE, LING. (Manière) propre aux créoles. Accent, dialecte, chanson créole; le(s) (parlers) créole(s), le créole haïtien, anglais, portugais. Ce doux parler créole qu'il [Saint-John Perse] a gardé encore (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 399).Rem. 1. La notion de créole a évolué avec les connaissances linguistiques; d'abord péj. (cf. étymol. et hist.), le mot désigne aujourd'hui un système linguistique autonome, d'origine mixte, issu du contact d'une langue européenne avec des langues indigènes ou importées (Antilles), devenu langue maternelle et langue principale d'une communauté (p. oppos. à pidgin et à sabir). 2. On rencontre ds la docum. créolophone, adj. et subst. (Celui) qui parle habituellement (en tant que langue maternelle ou principale) un créole. Les territoires créolophones de l'Océan Indien (A. VALDMAN, Le Créole, 1977, p. 35). Le créolophone rural, qui ne distingue pas /è/ de /œ/ (ID., ibid., p. 347).— À la créole. [En parlant de l'arrangement de choses]♦ Coiffure à la créole. Le Roman de Paul et Virginie mit en vogue la coiffure « à la créole » (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 278).♦ Riz à la créole (ou riz créole). Riz préparé avec des tomates et des piments doux. Entremets à la créole. Entremets préparé avec du riz et parfumé à l'orange.B.— (Celui ou celle) qui a le tempérament propre aux créoles ou semblable à celui des créoles, caractérisé essentiellement par l'indolence et la grâce. Vous redevenez grande dame, créole, indolente (BALZAC, Lettres Étr. t. 1, 1850, p. 278). Mme Chasseloup-Laubat : des ombres prud'honiennes, mêlées à une grâce de créole (GONCOURT, Journal, 1865, p. 135). La marquise y gagna une prostration maladive, qui fit d'elle une créole des images, passant sa vie sur une chaise-longue (RADIGUET, Bal, 1923, p. 20).— À la créole :• Nous vivrons à la créole, moi travaillant dans mon cabinet, toi paressant à ton aise dans ta jolie maison, ne voyant que nous.BALZAC, Lettres à l'Étrangère, t. 3, 1850, p. 344.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1762-1932. FÉR. Crit. t. 1 1787 souligne qu'on ne dit plus criole. Étymol. et Hist. I. 1598 crollo « espagnol de pure race blanche né aux colonies » (Hist. nat. et mor. des Indes de J. de Acosta, trad. de l'esp. par R. Regnault Cauxois, fol. 176 b ds KÖNIG, p. 85); 1643 criollo « id. » (Du Chocolate, par A. Colmenero de Ledesma, trad. de l'esp. par R. Moreau, p. 6 ds ARV., p. 205) [ces 2 attest. présentent le mot comme esp.]; 1670 créole « personne de pure race blanche née aux colonies » (Lettre de M. de Baas, Gouverneur des Antilles, à Colbert, 10 nov., ibid.). II. 1688 langue créole « portugais corrompu parlé au Sénégal » (M. J. DE LA COURBE, Premier voyage ... fait à la coste d'Afrique en 1685, p. 192 ds ARV., p. 208); 1826 patois créole « français corrompu parlé dans les colonies » (HUGO, Bug-Jargal. p. 106). I empr. à l'esp. criollo « id. », attesté dep. 1590 (Acosta, original de la trad. citée supra ds FRIED.), lui même empr. au port. crioulo « noir né dans les colonies », qui n'est attesté que dep. 1632, mais dont le sens originel, plus archaïque, semble être « serviteur élevé dans la maison de son maître » (XVIIe s. ds DALG.), dér. de cria « id. », dér. régressif de criar « élever, etc. » (cf. esp. criar, s.v. créat). II est prob. un empr. direct au port., en raison du sens et de la localisation de la 1re attest. (v. ARV., pp. 204-208). Fréq. abs. littér. :162.
DÉR. Créoliser (se), verbe pronom. vieilli. [Au sujet d'une pers.] S'adapter aux mœurs et à la manière d'être des créoles. Attesté depuis Ac. Compl. 1842 et ds la plupart des dict. gén. a) Souvent péj. Prendre certains caractères d'un créole. Français créolisé. Au fig. [À propos d'une langue] Abâtardi(e). La langue des grands écrivains de l'Angleterre s'est créolisée, provincialisée, barbarisée, sans avoir rien gagné en énergie au milieu de la nature vierge (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 349). b) Mod. [En parlant d'une langue vernaculaire] Prendre le statut de langue principale d'une communauté (d'apr. MOUNIN 1971). — [], (je) créolise [
]. Seules transcr. ds LITTRÉ et ds Lar. Lang. fr. — 1re attest. 1838 « adopter les mœurs des créoles » (Ac. Compl. 1842); de créole, dés. -iser. — Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. — ARV. 1963, pp. 204-208. — BOULAN 1934, p. 69.créole [kʀeɔl] adj. et n.ÉTYM. 1670; altér. de criolle, criollo, -a, 1643; esp. criollo, du port. crioulo « serviteur nourri dans la maison », appliqué aux métis noirs du Brésil, de criar « nourrir, élever », du lat. creare (→ Créer); le suff. est obscur.❖1 Qui se rapporte aux personnes de race blanche, nées dans les colonies intertropicales (en particulier aux Antilles). || Un planteur créole. || Joséphine de Beauharnais était créole.♦ N. || Un, une créole.1 (…) celle-ci (la fille des Îles) restera toujours enveloppante; une certaine câlinerie naturelle aux créoles, et que son accent zézayant de la Martinique rendait plus séduisante (…)Louis Madelin, l'Ascension de Bonaparte, II, p. 25.2 M. Richard C. Lionel est ce qu'on nomme, en ce pays, un créole, c'est-à-dire qu'il descend des colons français, sans le moindre alliage de sang coloré.G. Duhamel, Scènes de la vie future, XI, p. 166.REM. En français de l'île Maurice, créole désigne au contraire une personne de couleur.2 Relatif aux pays de la zone tropicale caractérisés par la colonisation blanche et l'esclavage noir (à l'origine). || Noirs créoles et noirs africains. || Parlers créoles (→ ci-dessous, 3.). || Pays créoles. — (N. f.). || À la créole. || Coiffure à la créole. Cuis. || Riz à la créole, ou, adj., riz créole : riz cuit à l'eau et séché puis accompagné soit de fruits (entremets) soit de poivrons et de tomates. || Œufs à la créole, frits, disposés sur des courgettes grillées.3 (XIXe; une première fois en 1668, langue créole, à propos d'un créole portugais d'Afrique). N. m. Ling. Le créole, un créole. Système linguistique mixte provenant du contact du français, de l'espagnol, du portugais, de l'anglais ou du néerlandais avec des langues africaines indigènes ou importées (Antilles) et devenu langue maternelle d'une communauté (opposé à pidgin et à sabir, qui ne sont pas des langues maternelles). || Le créole d'Haïti, de la Guadeloupe, de la Martinique. || Les créoles anglais de la Jamaïque. || Les créoles portugais, néerlandais. || Parler créole, le créole, un créole ⇒ Créolophone. || Apprendre le créole. || Grammaire du créole haïtien. || Alphabétiser la population en créole. || Ouvrage, bande dessinée, conte en créole. || Étudier le créole. ⇒ Créoliste.3 (…) à la Martinique (…) je suis entré dans la salle de la Cour d'assises qui était alors en session; (…) Accusé, plaignant et témoins s'exprimaient en un créole volubile dont en un tel lieu la cristalline fraîcheur avait quelque chose de surnaturel.Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 20-21.♦ Adj. || Locutions créoles. || Vocabulaire, dictionnaire créole.REM. La reconnaissance du créole comme véritable langue est relativement récente; ces parlers étaient conçus, jusqu'à la fin du XIXe s., comme de simples altérations du français, de l'anglais, etc., ce qui n'est vrai que de leurs lexiques. Hugo, dans Bug-Jargal (1826), parle de jargon, de patois créole.4 N. f. Grand anneau d'oreille. || Une paire de créoles.❖DÉR. et COMP. Créoliser, créolisme, créoliste. Créolophone.
Encyclopédie Universelle. 2012.